Prochaines Expositions


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samedi 22 juin 2013

special...

                                                 technique mixte sur toile 100x130cm

mardi 4 juin 2013

un espace de liberté....

                                                 Acrylique sur bois 130 x 100 cm

un travail particulier...

                                  Encre de chine pigments papier de soie sur bois (178 x 25cm) x 3

mercredi 22 mai 2013

texte paru dans la Monographie" Marc Merolli un artiste à la recherche du moi "


UNE PEINTURE SCULPTURALE : peinture entre sculpture et écriture ?

La visite d’une galerie, d’une exposition, d’un accrochage d’artiste, d’un atelier sont des moments rares où tout peut arriver… rien de grave certainement, mais quelque chose d’important,  peut-être !
Au premier regard, le corps humain et la douleur s‘imposent. Puis la forme,  la silhouette, la pose ou la posture, le mouvement et la contorsion se dessinent. Bien sûr les Captifs sont quelque part, esclaves entravés, statues torturées, des figures aux membres liés et des momies emprisonnées de leurs bandelettes. Les têtes elles-mêmes sont bandées, les regards cachés, mais parfois le cri surgit  de ces visages anonymes, de ces personnages souffrants.
 Bien sûr la référence michelangelesque s’impose, mais ce ne serait pas qu’une apparence, ni même une unique démarche de citation esthétique. A l’instar des atlantes aux corps puissants, sans visages, qui semblent lutter seuls contre la pierre afin de pouvoir s’en dégager irrémédiablement, les figures peintes ici semblent développer une force intérieure prodigieuse, simplement pour s’extraire de la matière, pour arracher par elles-mêmes la part de vérité qui leur manque. Ces êtres pourraient bien rester prisonniers de la création de l’artiste, bien inversement de Prométhée donnant la vie à sa création.
Les ignudi de la Chapelle Sixtine ne sont que variantes peintes de ces corps de marbre froid, mais dont la colorimétrie ne masque qu’imparfaitement la préoccupation primordiale de s’affranchir d’un espace trop étriqué, à la surface même de la paroi peinte à fresque, bien trop étroit pour ces corps musculeux  indifféremment féminins ou masculins.
Chez Merolli, colosses aux pieds d’argile, aux proportions statuaires et formes sculpturales, ces corps lourds s’ancrent dans la matière terrestre, dans laquelle ils se fondent et se dissolvent quelquefois. La démultiplication de la figure jusqu’à l’échelle microscopique s’observe dans la matière même de certains de ses colosses, tel un magma de corpuscules formant un tout à  son image. Le même corps figure aussi  d’autres fois, esquissé à plus petite taille, disposé comme une notule dans la fausse marge de la toile, comme en citation… ou bien plutôt sous la forme d’une apparente extraction ?
La matière est primordiale dans sa peinture, non pas par adjonction de touches mais bien au contraire, la forme définie par la lumière et le mouvement sont issus d’un enlèvement de la peinture, d’un geste d’essuyage. Une matière affinée qui laisse transparaître d’autres formes, d’autres espaces. Une matérialité inhabituelle car elle n’est pas uniquement faite de peinture dont la préparation donnerait le relief, mais une technique mixte puisque le papier vient remplacer les mastics et les enduits avec noblesse et originalité.
Le papier principalement dévolu à l’écriture en constitue bien là aussi le support, une écriture peinte ou dessinée, une graphie esthétique, mais dont le sens se perd dans l’impossibilité du déchiffrage. Une écriture elle aussi marquée dans la matière par la technique ancestrale du sgraffito dans la peinture. Une écriture qui accompagne l’image sans être jamais  une narration, bien qu’elle laisse au spectateur cette illusion rassurante… une référence littéraire ou poétique, potentiellement issue de textes anciens ou mystiques, comme un guide dans cette iconographie singulière. On pourrait envisager l’écriture dans les toiles de Merolli comme des hommages secrets, mais en aucun cas cénotaphe au sens grec de « tombeau vide » car la mort n’est pas conviée : ces inscription ne sont pas épitaphes !
Ce sont des luttes immémoriales, que l’artiste ambitionne. On rapprocherait encore ses figures peintes de celles à fresque sur la voûte de la Sixtine, qui se chargent d’une immense tension à l’arrivée du Déluge, s’amplifient par le nombre de personnages qui se bousculent, poussés par le désespoir ultime… ou bien encore ces damnés du Jugement dernier, entrainés et happés par les démons dans des contorsions admirables et chorégraphiques. Aucun plagiat cependant, seulement des focus que chacun des observateurs peut établir à sa guise, car l’œuvre de Merolli interpelle fortement. Au-delà des figures angoissantes se ressentent toutes les composantes d’une dramaturgie contemporaine ancrée dans un antérieur proche.
De même que dans la célèbre Bataille de Cascina, ce qui fascine dans la peinture de Merolli c’est qu’il choisit, lui aussi semble-t-il, le moment précédant de façon imminente le combat irrémédiable, l’instant avant l’évènement fatal…  et transmet dans ces toiles toute la tension baroque que la peinture peut exprimer.

Pascal Trarieux  conservateur du musée des Beaux Arts de Nimes